La Croix Rouge genevoise

lundi 5 octobre 2020 12:15-14:00, Hôtel Ritz Carlton la Paix
Conférencier(s): Benjamin Lachat & Eliane Lamorgese, Responsable du Chaperon Rouge

Présentation de la Croix Rouge Genevoise

La Croix Rouge Genevoise a été créée en 1864 par Henri Dunant et le général Dufour afin de venir en aide aux personnes vulnérables dans le canton de Genève.

La Croix Rouge Genevoise est la strate la plus locale de l'organisation "Croix Rouge" ; contrairement au CICR et au Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui opèrent à l'échelle internationale, et contrairement à la Croix Rouge Suisse, qui opère à l'échelle fédérale, la Croix Rouge Genevoise n'opère que dans le canton. A noter que les organisations cantonales sont toutes indépendantes à la fois légalement et financièrement, et qu'elles dépendent donc entièrement de donations privées et de subventions (environ 20%).

La Croix Rouge Genevoise compte 350 collaborateurs (équivalents 190 temps-pleins) et peut compter sur 800 bénévoles, pour mettre en place 30 programmes divers et variés qui s'adressent à différentes populations. Les enfants et les jeunes sont le premier public de la Croix Rouge Genevoise, mais des programmes s'adressant aux personnes agées sont également mis en place, notamment pour sortir ces personnes de l'isolement. La population des personnes migrantes fait également l'objet de plusieurs programmes, notamment via leur centre d'intégration qui offre de nombreuses ressources en plusieurs langues, des cours de français, ou encore les services d'"écrivains publics" qui aident les migrants à rédiger leurs courriers, gérer leurs dossiers administratifs, ou encore postuler à du travail.

Cette année, le nombre de personnes en situation de détresse aigüe a explosé avec la situation du Covid ; la Croix Rouge Genevoise vient actuellement en aide à environ 8000 bénéficiaires chaque mois. En première ligne se trouve leur "Permanence d'Accueil Social", qui a été prise d'assaut cette année ; elle fournit toute forme d'aide urgente, qu'elle soit matérielle (couvertures pour les sans-abris, vêtements, bons alimentaires, etc...) ou immatérielle (soutien administratifs, etc). En 2020, les effectifs ont dû être doublés (15 contre 5 l'année passée) pour traiter plus de 1200 cas urgents en collaboration avec la Chaîne du Bonheur. La permanence a déjà distribué l'équivalent de CHF 1,3 million d'aide cette année, et la demande reste très forte.

Présentation du Programme Chaperon Rouge

Le programme Chaperon Rouge se résume à un service de garde à domicile d'urgence (intervention dans les 2 heures max. partout dans le canton). Il réunit une cinquantaine de collaboratrices (uniquemnt des femmes car très peu d'hommes se présentent, mais leurs CV sont pris...) Ces personnes sont formées et rémunérées par la Croix Rouge Genevoise pour garantir un service de très haute qualité. Grâce aux subventions attribuées par l'Etat de Genève, le tarif d'une heure de garde varie de CHF 5 à 10 (vs. CHF 62 de coût réel) et des programmes d'aides supplémentaires peuvent être mis en place pour des familles en état de très forte précarité. Le mot d'ordre est de ne jamais laisser un enfant seul et de toujours trouver une solution pour couvrir l'aspect financier. Techniquement, tout le monde peut en bénéficier, dans les limites d'un certain nombre d'heures par jour et uniquement pour faire face à des situations d'urgence. Ces gardes s'adressent aux enfants de moins de 12 ans (essentiellement aux petits qui ne vont pas à l'école). En 2019, les collaboratrices de Chaperons Rouges ont effectué 27'000 heures de garde, auprès de plus de 1'200 familles. En 2020, elles ont été très mobilisées pendant la pandémie pour garder en urgence les enfants des membres du personnel de santé des hôpitaux genevois retenus au travail.

Chaperon rouge propose une gamme de services variés, tels que:

- Garde d'enfants malades à domicile (pour permettre aux parentws d'aller travailler)

- Garde d'enfants lorsque les parents sont malades: les collaboratrices de Chaperon Rouge viennent prendre le relais pour s'occuper des enfants quand les parents sont incapacités de façon temporaire ou prolongée (grippe, membre cassé, mais aussi séances de traitements lourds de type chimiothérapie, etc.).

- Garde lorsqu'un défaut de garde surgit au dernier moment (nounou malade, etc.).

- "Bons de respiration": pour les familles seules ou isolées qui ont du mal à faire faire face et dont les parents peuvent avoir besoin de faire une pause (3 fois par an max.) Ce service est souvent utilisé par des familles monoparentales et/ou des mères victimes de violences qui cherchent à s'en sortir; ces "bons" leur offrent des moments pour sortir du foyer et aller faire différentes démarches (police, tribunal, etc.) sans devoir témoigner devant leurs enfants. 

- Garde d'enfants hospitalisés: les collaboratrices prennent le relais des familles pour tenir compagnie aux enfant hospitalisés pendant que les parents travaillent ou s'occupent des frères/soeurs). 

- Situations particulières: le but du programme étant de répondre à toutes les demandes et de ne jamais laisser un enfant seul, les collaboratrices s'adaptent aux situations particulières et prennent le relais en cas de besoin dans des situations épineuses comme p.ex. des divorces houleux.

- Partenariats: Chaperon Rouge met en place des partenariats avec des grandes entreprise (ainsi que des collectivités publiques comme la Ville de Genève), qui s'engagent à payer le montant de la garde pour les enfants (malades) de leurs collaborateurs afin de leur permettre de venir travailler s'ils le souhaitent plutôt que de rester à la maison. Eliane Lamorgese souligne qu'il faut encourager ces partenariats, dans la mesure où ils allègent la facture pour l'Etat de Genève (dans ces cas-là, les frais sont intégralement pris en charge par les entreprises (CHF 62) et les subventions obtenues peuvent être réallouées aux familles les plus précaires). 

Chaperon Rouge souhaite développer une nouvelle aire d'intervention pour laquelle le Rotary pourrait être un soutien: la garde d'enfants en situation de handicap. Ce projet est très innovant et aborde le handicap de façon différente. Il consiste à offrir des "Bons de respiration" réguliers aux familles d'enfants en situation de handicap, qui sont constamment sur le pont et donc épuisées. L'idée est d'offrir une demi-journée de "respiration" par mois à ces familles qui souffrent, en proposant une garde adaptée aux besoins de l'enfant handicapé, avec toujours la même collaboratrice (car chaque handicap est unique et il faut pour chacun une personne spécifiquement formée, qui soit à même de répondre à ces besoins spécifiques).

Le projet est déjà bien avancé et se mettrait en place en collaboration avec l'AGIS (Association genevoise d'intégration sociale), qui connaît bien la question du handicap et les familles touchées dans le canton. 16 familles genevoises ont déjà été identifiées, qui pourraient bénéficier de ce programme. Un budget détaillé a été établi et le coût estimé de ce programme s'élève à CHF 3'141 par famille et par an. 

Maryon Roger-Colfort

 

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