« La Santé » conférence de Vincent Maitre, Conseiller national
et membre du Rotary Club Genève-Palais Wilson
Le lundi 9 octobre 2023
Nul doute que le thème choisi
par Sophie Dubuis pour son année de présidence correspond aux préoccupations
des Suisses. Fort bien doté en parlementaires fédéraux, notre club accueillait
son fidèle membre, le Conseiller national Vincent Maitre, pour l’entendre sur
un thème dont il ne prétend pas être un spécialiste : il n’est pas médecin, ni
assureur, ni membre de la Commission de la santé, mais il a tout de même
quelques idées à partager sur ce sujet qui est sur toutes les lèvres depuis
l’annonce de la hausse, presque sans précédent, des primes d’assurances maladie
en 2024.
Première question posée par
l’orateur: tout le monde comprend que la santé a son coût et que la situation
n’est pas la même dans les villes et dans les campagnes. Mais pourquoi les primes
sont-elles tellement plus élevées à Genève qu’à Zurich ? On voudrait bien le
savoir, mais ce n’est pas si simple...
Vincent Maitre partage le
constat général : tous les intervenants portent leur part de responsabilité,
mais il existe, selon lui, deux raisons profondes qui expliquent le mal dont
souffre le système de santé en Suisse.
La première est d’ordre
législatif. La LAMAL table sur la concurrence entre les caisses maladie, mais
celle-ci est impossible, car les critères qui la conditionne ne sont pas là, au
vu de toutes les obligations qui leur sont imposées (en matière de réserves, de
tarifs, de prestations, etc.). Cette loi déjà vieille se trouve au coeur du
problème, mais qui oserait la mettre au rebut ? Personne ! Aucun Conseiller
fédéral n’y risquera sa carrière et le temps nécessaire pour qu’une telle
réforme législative se matérialise (probablement deux ou trois législatures,
voire plus) dépasse l’horizon de n’importe quel parlementaire.
Une autre cause de la décadence
du système tient, selon l’orateur, dans sa grande opacité. La faute aux
assureurs ? Oui mais pas seulement. L’administration fédérale joue aussi un
rôle trouble à cet égard, comme il l’a relevé avec son collègue vaudois Olivier
Feller. Ils ont fait de la transparence leur cheval de bataille, mais cela ne
va de soi et l’OFSP n’y est curieusement guère favorable. Une motion
parlementaire dans ce sens pourrait faire bouger les lignes. On remerciera les
deux députés lémaniques.
Au-delà de la transparence, il
se pose la question de savoir comment juguler la hausse des coûts de la santé.
Selon l’orateur, le système LAMAL ne parviendra pas à les maîtriser aussi
longtemps que la rémunération des prestataires de soins dépendra directement de
la quantité d'actes médicaux. La rémunération à l’acte incite à la hausse des
coûts, qu’il s’agisse de soins hospitaliers, des consultations de médecins ou
de toute autre prestation. C’est cet engrenage qu’il faudrait enrayer.
Selon l’orateur, une solution
pourrait venir des Etats-Unis — chose curieuse, vu les coûts de santé
particulièrement exorbitants dans ce pays — et se trouver dans la création de
réseaux de soins intégrés. C’est ce que tente le Réseau de l’Arc (jurassien) où
les différents partenaires sont tombés d’accord pour viser une amélioration de
la qualité des soins en créant des liens entre tous les professionnels de la
santé impliqués dans la prise en charge des patients. Cela inclut les médecins
(généralistes et spécialistes), les infirmiers, les travailleurs sociaux et les
autres professionnels de la santé, y compris les hôpitaux de la région et, bien
entendu, les assureurs et les hôpitaux.
Cette initiative ne changera
certes rien au fait que, face au vieillissement de la population, une baisse
des coûts de la santé semble irréaliste, mais elle offre peut-être une (petite)
lueur d’espoir. Elle représente en tout cas un beau sujet de conférence à venir
pour nous aider à mieux comprendre comment cela fonctionne.
Quoi qu’il en soit, en cette
fin de campagne électorale, les membres du club ont pu se convaincre qu’ils
avaient la chance de côtoyer un parlementaire non-spécialiste de la santé qui
savait parler de ce sujet complexe et qui, manifestement, est capable de mettre
le doigt où ça fait mal lorsque l’Administration joue les cachottières… Nous ne
pouvons que lui souhaiter bonne chance le 22 octobre !
MD